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Page:Labriolle - La Réaction païenne, 1934.djvu/134

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Celse se méfie grandement aussi de la magie. Il ne doute guère de son efficacité nuisible, et c’est d’elle qu’il fait dériver le pouvoir d’exorcisme qu’il serait disposé à reconnaître aux chrétiens, ainsi que les miracles accomplis par le Christ[1]. — Il a un grand respect pour les astres ; il les considère comme « les hérauts les plus manifestes des choses d’en haut », comme « les véritables messagers célestes, annonciateurs de tant de phénomènes naturels[2] », et il s’étonne de l’indifférence chrétienne à l’égard du soleil[3].

Pour un polémiste qui se targue plus d’une fois d’obéir à la seule raison et qui accuse ses adversaires de se dérober à un guide si sûr, il faut avouer que Celse a des complaisances ou des fléchissements dont son rationalisme même aurait dû le mieux protéger. — En un certain sens, il y fait échec aussi par sa tendance à poser indiscrètement comme un fait que chacun doit obéir aux lois de son pays, quelles qu’elles soient. Cette superstition de la légalité n’était pas dans la tradition de la philosophie païenne[4], et Origène a beau jeu pour en démontrer les conséquences inacceptables, le scandaleux défi jeté à la morale éternelle[5].

  1. I, 6.
  2. V, 6.
  3. VIII, 66.
  4. Voy. Cicéron, De Legibus, I, xv, 42 : « Iam uero illud stultissimum existimare omnia iusta esse quae sita sint in populorum institutis aut legibus. » — Dans sa Lettre à Marcella, § 25, Porphyre opposera fortement la loi divine « prescrite par l’intelligence suprême aux âmes douées de raison » à la loi naturelle, d’une part et, d’autre part, à la loi civile, essentiellement variable, qui régit la société « en vertu d’un contrat mutuel et par le consentement général des membres de la société ».
  5. V, 27 et suiv.