Alexandre-Sévère l’honorait dans son lararium parmi les dieux tutélaires de sa maison, à côté d’Abraham, d’Orphée et du Christ lui-même[1]. Aurélien épargna la ville de Tyane, qu’il avait juré de détruire, par respect pour la mémoire de l’être exceptionnel qui y était né[2]. Plus tard, au ive siècle, le sophiste Chrysanthios de Sardes prit Apollonius pour modèle, en tant qu’authentique Pythagoricien ; et Eunape, disciple de Chrysanthios, parle dans sa Vie des Sophistes de l’existence terrestre de celui-ci, comme du voyage d’un Dieu parmi les mortels[3]. Quant à Ammien-Marcellin, le compagnon d’armes de l’empereur Julien, il range Apollonius de Tyane dans la série des mortels privilégiés qui ont été visités par les familiares genii, et il le cite entre Hermès Termaximus et Plotin.
C’est, nous le verrons, cette grande réputation, cette incroyable popularité, qui suscitera dans certains esprits, quand la lutte intellectuelle contre le christianisme se fera plus ardente encore, l’idée d’utiliser Apollonius au mieux des intérêts païens[4].