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Page:Labriolle - La Réaction païenne, 1934.djvu/215

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autorisée par le témoignage des anciens auteurs payens, publiée à Lyon, en 1718, est allé jusqu’à écrire ceci[1] :

Le monument le plus illustre que les Annales de Phlégon nous fournissent pour autoriser notre Religion, c’est ce qui y est fidèlement et clairement rapporté sur les ténèbres miraculeuses qui couvrirent la face de la terre au temps de la mort du Sauveur. Nous avons les propres paroles de Phlégon dans leur langue originale qui était la langue grecque ; et les Pères de l’Église, qui en pénétrèrent d’abord les favorables conséquences, ne cessaient point de les citer et de les inculquer aux Payens, dans le temps que le livre de cet affranchi était entre les mains de tout le monde.

En fait, ni saint Justin, ni Tatien, ni Arnobe, ni Lactance, ni saint Jérôme (en dehors de sa traduction de la Chronique d’Eusèbe) ne font état de la Chronique de Phlégon, là où ils évoquent ce mystérieux affaiblissement de la lumière.

Tertullien, au chapitre xxi de son Apologeticus, § 19 s’exprime ainsi : « Jésus rendit l’âme spontanément avec ses dernières paroles, devançant l’office du bourreau ; au même instant la lumière du jour s’évanouit, alors que le soleil marquait le milieu de sa course. Ceux qui ne savaient pas que ce prodige avait été aussi prédit à propos de la mort du Christ, le prirent naturellement pour une éclipse ; n’en comprenant pas la cause, ils nièrent cette cause. Et pourtant vous gardez une relation de ce phénomène mondial dans vos archives[2]. » Mais ce n’est pas à la Chronique de Phlégon qu’il songe ; c’est sans doute au rapport de Pilate

  1. Tome I, p. 12. Tillemont (Mémoires…, I, 473) relève les affirmations analogues de Petau.
  2. « …eum mundi casum relatum in arcanis vestris habetis. » Une mention vague des « Annales » païennes, comme ayant noté le même fait, dans l’Hist. Ecclés. de Rufin (Corpus de Berlin, éd. Schwartz-Mommsen, Eusebius, Bd II, Theil II, p. 815, l. 13 et s. : discours apologétique prêté au martyr Lucien d’Antioche, début ive s.).