supplices éternels, et il déclare cependant : « Selon que vous aurez jugé, on vous jugera, et de la même mesure dont vous aurez mesuré on vous mesurera. » Quel rapport entre des peines indéfinies et un châtiment qui doit être proportionné à une certaine mesure, et par conséquent circonscrit dans le temps[1] ? — Et que de démentis infligés par les événements à d’imprudentes promesses ou à de chimériques prédictions ! Persistance de l’univers, en dépit de la menace incluse dans le verset de saint Matthieu, XXIV, 14[2] ; mort ignominieuse de saint Pierre, nonobstant les privilèges qui lui avaient été solennellement conférés[3] ; décollation de saint Paul, en dépit des assurances consignées dans les Actes, XVIII, 19-20[4] ; mort naturelle de saint Jean, à qui Jésus avait annoncé qu’il mourrait martyr[5] ; absence de tout nouveau Christ « depuis trois cents ans et davantage », en dépit de l’avertissement de Jésus : « Plusieurs viendront sous mon nom, disant : c’est moi qui suis le Christ » (Matth., XXIV, 5[6]), « à moins, ajoute Porphyre, que vous ne veuillez désigner ainsi Apollonius de Tyane, cet homme qui a eu toutes les parures de la philosophie » !
À soi seul, le récit de la Passion est plus significatif que tout le reste :
Chacun des évangélistes a écrit le compte rendu de la Passion non pas en plein accord, mais en pleine dissonance avec les autres. Ainsi,
- ↑ Fragm. no 91. Cf. Matth., VII, 2.
- ↑ Fragm. no 13.
- ↑ Fragm. no 26.
- ↑ Fragm. no 36.
- ↑ 2e fragment des Pseudo-Polycarpiana (voy. plus haut, p. 248). Porphyre paraît ignorer la tradition légendaire dont le premier témoin est Tertullien dans son De Praescriptione, 36, 3 : l’apôtre Jean plongé, à Rome, dans l’huile bouillante. Il est vrai qu’il était sorti indemne de cette épreuve et avait alors subi la relegatio in insulam.
- ↑ Fragm. no 60.