Page:Labriolle - La Réaction païenne, 1934.djvu/29

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

fait de son amour pour l’État, pour la littérature, pour ses amis — et pour la gloire. Ce n’est pas un génie, soit ; mais c’est un beau type de Romain cultivé, et un exemplaire remarquable de cette aristocratie provinciale qui fut la meilleure force de l’époque des Antonins.

Vers 111 Trajan lui demanda d’accepter une mission en Bithynie, au nord de l’Asie Mineure, avec le titre de légat et le rang de proconsul. Depuis plusieurs années l’administration de la province était désorganisée, et avait besoin d’être vigoureusement reprise en main. Pline déploya dans ce rôle nouveau pour lui une application presque touchante. Un peu timoré, il redoutait les initiatives, et il consultait Trajan sur tous les cas qui lui semblaient douteux, tellement il désirait bien faire. — Or, un jour, la question chrétienne surgit devant lui, et il ne manqua pas de l’exposer tout entière à l’empereur dans un rapport que nous possédons.

L’authenticité de ce rapport a été souvent contestée depuis le xvie siècle.

La Correspondance de Pline et de Trajan, qui constitue le xe siècle des Lettres, a eu, au point de vue de la tradition manuscrite, une destinée spéciale, différente de celle des neuf premiers livres. Elle nous est venue par un seul manuscrit, un Parisinus, qui semble s’être perdu dès le xvie siècle, après avoir servi de base à l’édition de Hiéronymus Avantius, en 1502 et à l’édition, plus complète, d’Alde, en 1508. Nous n’avons d’ailleurs aucune raison de douter de l’existence de ce manuscrit : Guillaume Budé le connaissait, il l’a cité dans ses remarques sur les Pan-