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l’aveuglement des autres ; ce ne sont partout qu’imputations d’artifice et de dol. Il semble que le paganisme lui-même se plaigne, dans sa langue, que l’Évangile lui a enlevé le monde par surprise. Le ressentiment de la vieille société perce encore dans ces accusations. »

XII

Quel accueil le traité de Porphyre reçut-il lors de sa première apparition ?

Il ne paraît pas douteux qu’il ait fait une impression très vive, puisque trois réfutations, de plus en plus développées, se succédèrent pour en combattre l’influence[1]. Si l’on songe que l’ouvrage de Celse, paru en 178, avait attendu pendant soixante-dix ans la riposte d’Origène, on voit, à cette seule différence, combien la science ecclésiastique, en cette fin du iiie siècle, était déjà mieux armée.

Nous avons, d’autre part, de sérieuses raisons de penser qu’au début du ive siècle un excerpteur païen inconnu songea à utiliser l’ample travail de Porphyre sous une forme plus portative et en fit des extraits pour les besoins courants de la controverse[2].

Bien mieux, Lactance, l’auteur des Institutions divines, connut vers 303, pendant la persécution de Dioclétien, alors qu’il enseignait la rhétorique à Nicomédie, en Bithynie, un gouverneur païen, qui, parallèlement à son action coercitive, entreprit de désabuser ses victimes de leurs erreurs. Il ne le nomme pas, mais il s’agit certainement de

  1. Voy. plus haut, p. 243.
  2. Voy. p. 247.