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ce que dit le Grec, voilà ce que dit le barbare, et celui qui habite au centre des continents, et le riverain des mers, et le sage, et l’ignorant !

N’était-il pas question aussi, chez Apulée, d’un summus atque exsuperantissimus divum[1], qui gouverne de très haut l’univers[2], au-dessus des multiples divinités ?

Cette conception (qui remonte, en dernière analyse, au Timée de Platon) avait eu une remarquable fortune au iiie siècle. « L’ancien paganisme, remarque Eug. de Faye, devient un monothéisme qui souffre que le Dieu qu’il proclame soit entouré d’assesseurs, sans doute divins, mais entièrement subalternes[3]. » Le néo-platonisme contribua à l’installer dans les esprits. Hiéroclès avait dû se l’approprier d’autant plus volontiers qu’elle tendait à donner une allure raisonnable au polythéisme et lui permettait d’esquiver les coups très rudes qui lui étaient portés.

À tout prendre, ce que Lactance dit du Philalètès ne permet guère d’y supposer la moindre originalité, soit dans les arguments mis en œuvre, soit dans les considérations philosophiques auxquelles s’était élevé Hiéroclès[4].

VII

Certains indices révèlent durant la période si troublée qui précéda immédiatement l’Édit de Milan une reviviscence très sensible du piétisme païen, qui se mit à travailler dans le même sens que le déisme philosophique, avec la colla-

  1. De Mundo, 27 (éd. P. Thomas, p. 163, l. 11).
  2. Ibid., 25 (Thomas, p. 160, l. 20).
  3. Origène, sa vie, son œuvre, sa pensée, III, 85.
  4. Pour la question de savoir si Hiéroclès aurait servi de source à Macarius Magnès, voir p. 246.