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Page:Labriolle - La Réaction païenne, 1934.djvu/338

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sont collectionnées, et dans les nombreux documents (lettres des empereurs, édits, discours) qui s’y insèrent. Mais la critique, qui enseigne à se méfier, s’est abondamment exercée depuis une quarantaine d’années sur cette compilation. On a révoqué en doute beaucoup des renseignements « historiques » qui en faisaient le prix apparent. On a été jusqu’à voir dans l’Histoire-Auguste la vaste supercherie d’un faussaire qui aurait imaginé, vers le temps de Valentinien et de Théodose, d’écrire sous plusieurs noms, pour pallier sa fraude[1].

L’avis commun est qu’il n’y a pas lieu d’en rejeter si loin la composition, ni de supposer un tel faux semblant ; mais qu’il faut se méfier grandement des documents qui y sont mis en œuvre : beaucoup paraissent avoir été forgés par ces rhétoriqueurs pour donner une apparence de sérieux aux déclamations et aux anecdotes où leur futilité se complaît.

Quoi qu’il en soit, trois des rédacteurs de l’Histoire-Auguste font allusion au christianisme. Il ne s’agit pas d’apprécier ici la valeur des données qu’ils apportent. Nous avons examiné la lettre d’Hadrien au sujet des Égyptiens, telle que la cite Flavius Vopiscus ; et cet examen a été peu favorable à l’authenticité de la pièce[2]. Vopiscus, s’il l’a inventée, n’a guère pu s’y décider que dans une intention malveillante à l’égard des chrétiens. Il allègue également une lettre d’Aurélien au Sénat au sujet d’une consultation des livres sibyllins ; on y lit ce passage :

Je m’étonne, Pères vénérables, que vous hésitiez si longtemps à les ouvrir, comme si vous délibériez dans une assemblée de Chrétiens

  1. Hypothèse de Dessau, dans l’Hermès, t. XXIV (1889), p. 337 et s.
  2. Voy. p. 50.