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Page:Labriolle - La Réaction païenne, 1934.djvu/389

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la gravité du Souverain Pontife qu’il s’honorait d’être[1], il essaya de tracer le plan d’une réorganisation générale du paganisme[2]. Il aurait voulu diviser l’Empire en cercles métropolitains régis par un ἀρχιερεύς, un archiprêtre, qui aurait eu la haute main sur le clergé et les modalités du culte. Julien se serait réservé la nomination de ces hauts fonctionnaires. Il faut voir de quel ton pénétré il dicte aux prêtres, en une série de « mandements », les devoirs particuliers qui leur incombent ; avec quelles insistances il s’efforce de stimuler leur zèle pieux, de ranimer leur foi, qu’il devine molle et défaillante ; les menaces qu’il laisse planer sur ceux qui tolèrent que leur femme ou leurs gens « négligent le culte des dieux et préfèrent l’athéisme à la religion[3] ». Il voudrait pouvoir louer chez eux un prosélytisme actif, une vie chaste, sobre, strictement surveillée au point de vue des actes, des propos, du vêtement, des lectures même[4], dussent les candidats aux fonctions sacerdotales se recruter dans les rangs les plus humbles de la société. Tel aspirant, « fût-il pauvre, fût-il du bas peuple, du moment qu’il réunit en lui ces deux conditions, aimer les dieux et aimer les hommes, qu’on le fasse prêtre[5] ! »

Les méthodes chrétiennes le hantent. Il les imite ; il les « singe », dira son ex-camarade de jeunesse, Grégoire de Nazianze[6]. Contre l’idée d’un plagiat, Julien se rassurait

    admiration pour l’impiété à ceux qui ont besoin de leurs secours ; et Ép. 89 (Bidez, p. 173).

  1. Ép. 98 (Bidez, p. 166, l. 14).
  2. Voy. W. Koch, Comment l’empereur Julien tâcha de fonder une église païenne, dans la Revue belge de philologie et d’histoire, mars-juin 1927, p. 123 et s. ; janvier-mars 1928, p. 49 et s.
  3. Ép. 84 (Bidez, p. 145, l. 2).
  4. Ép. 89 (Bidez, p. 168).
  5. Ép. 86 (Bidez, p. 173, l. 12).
  6. πιθήκων μιμήματα (Or., IV, § 112 ; Patrol. gr., 35, 649). « Il voulait,