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Page:Labriolle - La Réaction païenne, 1934.djvu/468

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brillant tableau, à ce culte superstitieux du passé, l’évolution nécessaire de ce qui vit, et la marche de l’humanité vers une vérité de plus en plus lumineuse et complète :

L’Univers, écrivait-il, a eu, comme toutes choses, des commencements imparfaits, pour que la foi chrétienne, à la blanche chevelure, en couronnât finalement la vénérable vieillesse. Que ceux qui s’en choquent s’en prennent aussi aux moissons parce que la fécondité en est tardive ; ou aux vendanges, parce qu’elles n’ont lieu que vers la fin de l’année ; ou à l’olive, parce que son fruit est le dernier à mûrir[1].

Par un singulier renversement, le christianisme apparaissait ainsi, en face de la sénilité païenne, un ferment de renouveau religieux et le symbole même du « progrès ».

Saint Jean Chrysostome, dans son De S. Babyla, contra Iulianum et Gentiles, rédigé vers 382[2], célébrait, lui, la merveilleuse diffusion de la foi, assez forte pour ne même plus redouter les écrits destinés à lui nuire, et désormais inoffensifs.

Ce que vous appelez nos « fictions », les tyrans, les rois, les plus habiles orateurs, les philosophes, les devins, les magiciens, les démons ont essayé de les détruire… Et les rois n’ont recueilli d’autres fruits de leurs persécutions qu’une renommée de férocité : leur fureur contre les martyrs atteignant l’humanité tout entière, ils se sont couverts à leur insu de mille opprobres. Quant aux philosophes et aux habiles orateurs, qui avaient dans le public une grande réputation, les uns de sagesse, les autres d’éloquence, ils ne nous ont pas plutôt déclaré la guerre qu’ils sont devenus ridicules, et en tout semblables aux petits enfants qui s’amusent. De tant de nations, de tant de peuples, ils n’ont pu gagner ni un sage, ni un ignorant, ni un homme, ni une femme, ni même un petit enfant. Et leurs écrits soulevaient un tel rire qu’ils ont depuis longtemps disparu et, pour la plupart, sont morts en naissant. Que s’ils se sont conservés quelque part, c’est chez les chrétiens qu’on peut

  1. Ép. xviii, 28.
  2. § 2 (Patrol. gr., 50, 536).