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Page:Labriolle - La Réaction païenne, 1934.djvu/469

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les trouver, tant nous sommes éloignés de craindre que leurs pièges puissent nous faire aucun mal.

Les poètes eux-mêmes se mettaient à l’unisson pour magnifier l’avance irrésistible de la conquête des âmes. Écoutons Paulin de Nole.

Les ténèbres de l’univers se font moins épaisses ; déjà presque chez tous la foi est la plus forte, la Vie a vaincu la Mort… Rome tout entière porte le nom du Christ, et raille les inventions de Numa, les prédictions de la Sibylle… Dans les temples vides, les statues malpropres frémissent sous le choc des paroles pieuses et du nom du Christ[1], etc.

Nous avons déjà vu en quels termes Prudence, au début du ve siècle, avait célébré les brillants résultats de la propagande chrétienne dans un milieu particulièrement réfractaire, celui de la noblesse[2].

Tous ces écrivains sont témoins de la grande confiance dont étaient animés les milieux chrétiens, même avant les mesures décisives prises contre le « paganisme » par Théodose et surtout par ses successeurs[3].

II

Atteint dans ses œuvres vives par la disparition des anciens sacerdoces, l’interdiction de tout sacrifice, la suppression de toute subvention officielle, la destruction des sanctuaires ou leur transformation en églises chrétiennes, le paganisme subsista longtemps encore, soit dans les

  1. Carmen xviiii, 59 et s. (Hartel, t. II, p. 120).
  2. Voy. p. 341
  3. Édit de 391 (Code Théod., xvi, 10, 10) ; Édit d’Aquilée, cette même année (xvi, 10, 11) ; Édit de 392 (xvi, 10, 12) ; Édit du 7 août 395 (xvi, 10, 13) ; Édit de 396 (xvi, 10, 14) ; Édit de 408 (xvi, 10, 19), etc.