Page:Labriolle - La Réaction païenne, 1934.djvu/498

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

exploitées Porphyre[1]. Saint Augustin, dont on sait la rigueur à l’égard du mensonge, en sera si frappé qu’il la discutera dans tout un sermon, le cent trente-troisième.

La Quaestio 83 soulève un problème d’un autre genre. Pourquoi le Christ, s’il était vraiment Salut, Connaissance véritable et parfaite, n’est-il pas venu plus tôt pour sauver ceux qui vivaient dans l’ignorance ? Ne leur eût-il pas apporté le salut dont ils ont été frustrés ? — Cette objection sera traitée par saint Augustin dans sa cent deuxième lettre[2], adressée à Deogratias, et elle y est explicitement donnée comme une des plus sérieuses parmi celles dont Porphyre s’était armé.

Enfin la discussion entre saint Pierre et saint Paul au sujet de l’attitude à observer à l’endroit des Gentils préoccupait aussi les esprits[3]. Pourquoi Paul avait-il critiqué Pierre pour s’être tenu à l’écart des païens après s’être mêlé à eux quelque temps, puisque lui-même, qui n’était point partisan de la circoncision, se décida, par ménagement pour les Juifs, à circoncire Timothée ?

C’est encore Porphyre qui avait mis en relief le conflit momentané entre les deux apôtres, dans le dessein évident de diminuer leur autorité aux yeux des croyants[4].

Le soin que le rédacteur des Quaestiones apporte à réfuter ces diverses objections révèle leur cheminement secret, et combien il jugeait nécessaire de leur ôter leur venin par des réfutations bien senties.

  1. P. 253.
  2. § 8.
  3. Appendix, Quaest. lx (Souter, p. 453).
  4. Voir plus haut, p. 261.