Page:Lacasse - Trois contes sauvages, 1882.djvu/21

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
— 22 —

Le matin il partit ; j’aurais voulu le suivre, Je ne le pouvais pas ; mes membres étaient raides comme ceux de l’enfant chérie qui était ensevelie près de moi et dont j’étais moi-même le linceul. Mon mari s’éloigna et ce bon époux qui avait partagé mes joies et mes peines ne devait plus revenir. En vain je regardai, en vain j’attendis… mes yeux ne virent rien et mes oreilles n’entendirent que le bruit de la tempête qui passait au-dessus de moi.

Le soir du même jour, un de mes enfants fit un mouvement ; je retournai la tête, ses yeux me cherchèrent une dernière fois… puis un long soupir… puis plus rien : il venait de mourir.

Je ne pleurai pas pourtant, mes yeux étaient secs ; je ne te cacherai rien, père ;