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Page:Lacasse - Trois contes sauvages, 1882.djvu/26

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Une nuit froide se préparait, mes jambes et mes pieds étaient enneigés, je ne sentais rien le froid m’avait paralysée, Je me voyais mourir… mourir à quelques cents pas de deux enfants dont les petits cœurs battaient encore. Me trompai-je ? je crus les entendre m’appeler au sortir de leur sommeil léthargique ; « Ma-man. Maman ! où es-tu ? Un peu de bouillon va nous redonner la vie. » Du bouillon, j’en avais préparé pour eux et tout absorbée dans ma douleur, je n’avais pas même songé à en prendre. La faim ne peut jamais être aussi forte que l’amour. Le regard tourné vers le haut de la montagne, rendue immobile plus par la douleur encore que par le froid, je sentis la glace de la mort parcourir mon être. Deux soupirs encore, je serai morte… et mes enfants vivent encore. Un voile funè-