Page:Lacasse - Trois contes sauvages, 1882.djvu/51

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force d’instances, on parvint à avoir pour toute réponse, aux nombreuses questions qu’on lui adressait, les mots entrecoupés suivants ; papa parti… maman dans le bois… l’Esprit gronda en l’air… maman morte… Une grosse bête — pas dévorés… bien peur… Son regard avait quelque chose de vague, d’insaisissable. Lorsqu’il était seul près du rivage d’un lac, ses grands yeux effarés auxquels la douleur et la peur avaient enlevé toute expression de vie, se promenaient constamment de côté et d’autre ; ils cherchaient encore.

Cet enfant privé de son intelligence cherche encore sa mère. La reverra-t-il ? Elle était infidèle, lui et son petit frère furent baptisés par un missionnaire. Le plus jeune est mort et s’est envolé au ciel, l’ainé, mort à la vie de l’intelligence, laissera cette terre pour l’y suivre.