Page:Lacasse - Une mine de souvenirs, 1920.djvu/125

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

pour louer notre bonne Mère, mais pour en rire. On lui trouva une place de commis, puis on apprit qu’il était parti pour les États.

Quelque vingt ans plus tard, je prêchais une retraite paroissiale dans l’état du Massachusetts. Un jeune Canadien de bonne souche vint me voir.

— Mon Père, me dit-il, je travaille dans un magasin avec un compatriote qui a dépassé l’âge de la jeunesse ; il est bien rangé dans les clubs, bien sobre, mais il paraît avoir abandonné la religion. Pourriez-vous aller le voir ? Je crois qu’il ne vous mettra pas à la porte, quoiqu’il parle bien mal des prêtres. Il lit beaucoup de mauvais livres, passe tous les dimanches à lire et ne vient jamais à la messe. Son nom est Bill Foreman, mais il m’a dit qu’il était Canadien, que sa mère était morte sans avoir su un mot d’anglais, que son père vit encore, qu’il est parti de la maison à la suite d’une chicane avec son père qui voulait avoir tout ce qu’il gagnait.

— Dans quelle paroisse est-il né ?

— Je ne puis répondre, mon Père. Il dit être né en Canada ; voilà tout ce qu’il répond.

— J’irai le voir demain soir, Monsieur.

Le lendemain, je fus introduit à sa chambre. Je pris tout ce qu’il pouvait y

126