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Page:Lacasse - Une mine de souvenirs, 1920.djvu/130

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de la Propagation de la Foi. Les lettres de Mgr Taché à sa mère faisaient pleurer ma bonne maman. Dès que je la voyais pleurer je pleurais avec elle. Maman me disait qu’il était un Oblat comme ceux qui viennent prêcher des retraites dans nos paroisses. J’assistai, pendant ma jeunesse, à sept ou huit retraites prêchées par les Pères Oblats, sous la direction du célèbre Père Lagier, de mémoire nationale. Il était mon grand confesseur dans mes moments de ferveur passagère. Un jour il me congédia par ces mots : « Priez bien la sainte Vierge pour connaître votre vocation, mon enfant. »

Un soir, j’ouvris mon cœur à ma mère et lui fis part de mon projet d’aller chez les Oblats. Elle me répondit en refoulant une larme : « Mon fils, tu appartiens au bon Dieu avant de m’appartenir ; suis le souffle qui agite ton âme ; il est dans la direction du ciel. » Ces mots d’une profonde sagesse se sont gravés dans mon esprit pour venir me fortifier contre les tentations qui m’assaillaient de tous côtés. Ma résolution d’aller chez les Oblats avait déchaîné, je crois, une quinzaine de diables qui soufflaient dans une direction opposée à celle qui conduit chez les Oblats de Marie Immaculée.

Je partis pour le noviciat des Pères Oblats où on daigna m’accueillir malgré ma santé chancelante. J’eus à faire une

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