Page:Lacasse - Une mine de souvenirs, 1920.djvu/164

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ne tient qu’à toi de devenir seigneur comme ton aîné ; va en Australie ou en Canada t’acquérir une seigneurie, un chez-toi où tu seras roi et maître. Dans notre pays, il n’est pas nécessaire de s’expatrier pour devenir seigneur, il suffit de s’éloigner de quelques jours de marche, tout en demeurant dans les limites de notre patrie.

Cette coutume d’accorder le bien patrimonial à l’aîné de la famille est bien ancienne : elle remonte aux premiers habitants-seigneurs de la terre. Rappelons la belle histoire de l’habitant Abraham, le père des croyants en Dieu, créateur du ciel et de la terre.

Un jour Dieu dit à Abraham, comme il a dit à notre premier ancêtre du Canada : Viens t’établir sur la terre que je te montrerai. Abraham, l’habitant, écouta ; il s’établit sur une terre appelée Mésopotamie. Isaac lui succéda. Celui-ci eut deux fils jumeaux, Esaü et Jacob. Esaü était le plus vieux de quelques minutes. À lui devait revenir le patrimoine. Par miséricorde pour nous, Jacob lui fut substitué et reçut la bénédiction de son père. La bénédiction d’alors équivalait au testament d’aujourd’hui. Que fit Esaü ? Il s’éloigna et alla s’établir sur une seigneurie à lui.

La coutume se perpétua chez les Hébreux ; le premier-né avait le patrimoine paternel, auquel ne touchait pas les cadets. Ceux-ci allaient s’établir sur le patrimoine

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