Page:Lacasse - Une mine de souvenirs, 1920.djvu/24

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à me tenir à genoux, je fis ma petite prière. « Viens manger ta soupe au lait, maintenant. » Quelques jours plus tard je m’éveillai encore au temps du déjeuner. J’entends le bruit des assiettes…

— Marraine ! Marraine ! ma prière !

Je rendis les armes les mains jointes entre celles de ma sœur.

Depuis lors j’ai fait bien des réflexions au sujet de ce petit incident que je considère l’un des plus importants au point de vue de la formation de mon caractère : l’orgueil n’avait pas eu le dessus. Mais je me suis aperçu plus tard qu’il n’avait été qu’affaibli ; il a encore dans la suite donné de nombreux signes de vie.

Les premières impressions que l’âme d’un enfant doit recevoir sont celles de son devoir envers Dieu. Ces impressions, qu’on ne s’y trompe pas, restent gravées dans la mémoire. J’étais bien jeune alors, et ce fait, à plus de 72 ans de distance, est aussi frais à ma mémoire que s’il fût arrivé hier.

L’enfant est un être enseigné. Si ses parents le laissent s’enseigner lui-même, ce fils de notre orgueilleuse mère Ève, au lieu de chercher les hauteurs, descendra dans les bas-fonds de la désobéissance, de l’insulte, du mépris des auteurs de ses jours et de son Dieu. Il recherchera naturellement ce qui flatte son esprit et son corps. Il ne pourra

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