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CHAPITRE III

Souvenir d’un coup de hache



J’AVAIS plus de cinq ans. Je regardais mon frère aîné qui essayait de faire un abri pour un petit chien renard que notre oncle lui avait apporté de Montréal. La mère de ce chien était au Livre d’Or ; elle descendait en ligne directe de celui de Tobie, témoin sa belle queue ondée qui remuait sans cesse. Mon frère voulait le mettre à l’abri des ardeurs du soleil d’août.

Cet architecte improvisé n’avait qu’une petite hache et trois bouts de planches qui renfermaient autant de clous que de bois.

Il avait choisi l’endroit de son futur chef-d’œuvre près de la clôture du jardin. Il se mit à l’œuvre et commença par ramasser du sable pour faire les solides fondations de son édifice.

Silencieux, je le regardais, et, — le dirai-je ? — je devins jaloux de son génie précoce. Pourquoi ? Mystère… pour ceux qui ne croient pas aux conséquences héréditaires de la chute d’Adam et aux attaques du grand ennemi du genre humain et des

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