Page:Lacasse - Une mine de souvenirs, 1920.djvu/61

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pas. Il lui faut quelque chose de plus beau que la vue d’un roi pour la contenter. Si un plaisir permis ne rassasie pas l’âme, que penser d’un plaisir défendu qui la tourmente pendant la vie, et la tourmentera pendant toute l’éternité, si le pécheur ne veut pas faire pénitence ou n’en a pas le temps.

Maintenant que nous avons contemplé un « air royal », racontons un autre incident de ma visite à Montréal, où j’ai brillé par des gaucheries sans nombre, dont le souvenir m’est encore amer.

J’étais donc à l’hôtel de ma tante. C’était un dimanche après-midi ; nous étions réunis dans la grande salle de la cuisine, qui servait de parloir à l’occasion des grandes comme des petites visites.

C’était à mon tour de parler et j’en profitais, lorsqu’une jeune cousine, regardant par la fenêtre, (ce qui arrive aussi aux jeunes filles de la campagne), s’écria : « Maman. Madame L’Heureux qui arrive ! »

Il faut vous dire, amis lecteurs, que j’avais souvent entendu dire à mon père que tous les Lacasse n’étaient pas des quêteux, qu’il y avait à Montréal une cousine du nom de Victoire qui était riche comme Crésus. Cette Lacasse avait épousé d’abord un commis qui devint plus tard un gros marchand. Ses affaires ayant été très prospères, il put se bâtir un beau palais. Le

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