Page:Lacasse - Une mine de souvenirs, 1920.djvu/60

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de par chez nous, comme une goutte d’eau ressemble à une autre goutte d’eau. La seule différence c’est que les habits du prince lui allaient mieux sur le corps et qu’il avait les mains plus délicates. C’est là toute la différence que j’ai trouvée entre l’air royal et l’air canadien-français. Je m’empressai d’écrire à papa qu’il avait, ainsi que les trois quarts de ses co-paroissiens, un air royal.

Mais, ô dérision des joies de ce monde ! Je croyais qu’en voyant un roi, je puiserais à la coupe du bonheur assez de satisfaction pour alimenter les besoins de mon cœur pour toute ma vie. Hélas ! dès le lendemain j’ai dû chanter avec le poète :

La gloire humaine
Est une ombre vaine
xxxxxQui fuit
Et l’âme mondaine
À perdre haleine
La suit.

Non, mes bons amis, les plaisirs de ce monde ne peuvent remplir le cœur qui sent le besoin d’aimer, besoin que les bagatelles de ce monde ne peuvent satisfaire. J’étais content d’avoir vu le Prince de Galles, mon âme n’en était pas blessée, mais il y avait un vide dans mon cœur qui était encore altéré par la soif d’un bonheur qui lui manquait. Cette âme peut boire à la coupe des plaisirs permis, mais cela ne la satisfait

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