Page:Lacaussade - Poésies, t1, 1896.djvu/115

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Au silence parlant, si ton art est fidèle.
Son cou, fais-le plus blanc que celui d’Adonis.
Fais ouverte et placide et grande sa figure.
Donne-lui la poitrine et les mains de Mercure,
Les cuisses de Pollux, le ventre aux flancs unis
De Bacchus. Montre aussi sa puberté naissante,
Où couve de Paphos la flamme incandescente.
Mais rebelle est ton art à montrer le contour
De son dos modelé par les doigts de l’Amour.
Que dire de ses pieds dans leur grâce célère ?
Et maintenant, quel prix te faut-il, quel salaire ?
Demande, et tu l’auras des mains d’Anacréon…
Peins donc cet Apollon que tu vois en Bathylle,
Et si jamais tu vas à Samos, peintre habile,
Fais de Bathylle un Apollon !


XXX

SUR LUI-MÊME


 
Je me plais au rire ainsi qu’aux chansons.
Qu’un groupe enjoué de jeunes garçons
D’un vin trempé d’eau m’apporte une coupe,
Je vois des chagrins s’éloigner la troupe.
A quoi bon se plaindre et pourquoi gémir ?
Noyons la tristesse au fond de la coupe.