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Page:Lacaussade - Poésies, t1, 1896.djvu/121

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Il fend la vaste mer, et l’écume des flots
Caresse les pieds blancs de la vierge qu’il aime.
Et quel taureau jamais a traversé la mer
A bonds impétueux, si ce n’est Jupiter ?


XXXVII

SUR LA BONNE VIE


 
Pourquoi m’enseigner des rhéteurs
La verbeuse et vide éloquence ?
Que m’importe à moi la science
Et l’art des sophistes menteurs !
Enseignez-moi plutôt à boire
La grappe chère à Lyæus,
A folâtrer avec Vénus
Aux boucles d’or, aux bras d’ivoire !
Le front couvert de cheveux blancs,
Je sens déjà le poids des ans :
Jouissons de l’heure éphémère !
Enfant, d’un vin que l’eau tempère
Emplis ma coupe jusqu’aux bords !
Enivre mon âme et l’endors !
Bientôt cette coupe légère,
Où chante l’essaim des plaisirs,
Sera pour moi vide et muette :
D’un linceul couvre alors ma tête !
Les morts reposent sans désirs.