Page:Lacaussade - Poésies, t1, 1896.djvu/162

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Il s’éloigne… il veut fuir à jamais ce rivage ;
Mais sur la route il voit s’élever un nuage,
Et son arme s’abaisse… un œil jaloux et sûr
Ajuste… Le cours d’eau coule riant et pur ;
Un radieux silence assoupit le feuillage…
Tout à coup, sous le ciel, un éclair a couru :
Plus de nuage au loin ! — personne n’a paru !

Imité de Miçkiéwicz.


VIII

LE SECRET


 
Tu veux lire en mes yeux — simplicité funeste ! —
Quel secret douloureux je porte au fond du cœur.
Soit I ma sincérité, le seul bien qui me reste,
Contre moi-même, enfant, armera ta candeur.

Mortes sont les vertus de mes vertes années !
Dans leur sève j’ai vu mes espoirs se flétrir :
Un songe ardent brûla mes fraîches destinées,
Et mon cœur s’est fermé pour ne se plus rouvrir !

Pure et suave enfant, sœur des Grâces décentes,
Ne sème point tes vœux sur un sol dévasté !
Dois-je, débris stérile aux tristesses croissantes,
Mêler ton rêve en fleur à mon aridité ?