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Page:Lacaussade - Poésies, t1, 1896.djvu/163

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Ma tendresse au bonheur ne te saurait conduire ;
Même en tes yeux l’amour me sourirait trop tard.
Fait pour aimer, mon cœur est trop haut pour séduire.
D’un bien qu’il ne peut rendre il ne veut point sa part.

A toi mon dévouaient ! ta belle âme en est digne ;
Mais seul je veux porter le poids des jours derniers.
A quelque noble arbuste enlace, ô jeune vigne !
Ta tête virginale aux rêves printaniers.

Ta place est au soleil ; moi, la mienne est dans l’ombre.
Fleuris dans la lumière, âme aux espoirs si beaux !
J’appartiens au passé : laisse le cyprès sombre
Ombrager de son deuil la pierre des tombeaux !

Inspiré de Miçkiéwicz.


IX

L’OISEAU NOCTURNE


 
Comme l’oiseau des nuits aux yeux lourds et funèbres,
Le Mal veille dans les ténèbres ;
C’est là qu’il tend son piège et grandit son pouvoir.
L’innocence et le jour offusquent sa paupière :
Cache-toi donc dans ta lumière,
Et l’infernal oiseau ne te saura point voir !