Page:Lacaussade - Poésies, t1, 1896.djvu/198

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Ce n’est pas le torrent sauvage
Qui parle à son instinct chanteur,
Mais le ruisseau qui sous l’ombrage
Mêle au murmure du feuillage
Son onde au rythme inspirateur.

Quand le muguet de ses clochettes
Blanchit l’herbe sous les grands bois,
Caché dans les branches discrètes,
Il remplit leurs vertes retraites
Des éclats vibrants de sa voix.

Quand de l’azur crépusculaire
Le soir, à pas silencieux,
Descend et couvre au loin la terre,
Il chante l’ombre et son mystère,
Il chante la beauté des cieux !

Quand d’astres d’or l’air s’illumine,
Beaux lys au ciel épanouis,
Allant du chêne à l’aubépine,
Il charme de sa voix divine
Le silence étoilé des nuits.

Telle il vivait sa vie heureuse,
Oublieux des jours inconstants ;
Et son âme mélodieuse
Versait l’ivresse radieuse
Qui déborde en elle au printemps.