Page:Lacaussade - Poésies, t1, 1896.djvu/197

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LE ROSSIGNOL

Il est né, lui, sous un chêne,
Dans un buisson de frais lilas :
Le bruit de la source prochaine,
Le souffle embaumé de la plaine
Ont bercé ses premiers ébats.

La nature à son brun corsage
Refusa les riches couleurs ;
Modeste et fauve est son plumage ;
Mais il est roi par son ramage,
Roi du peuple ailé des chanteurs.

Du printemps c’est lui le poète.
L’hiver a-t-il fini son cours,
Heureux de vivre et l’âme en fête,
A la forêt longtemps muette
Il dit le réveil des beaux jours.

Ce n’est pas l’ardente lumière
Qu’il veut sous des cieux azurés,
Mais cette clarté printanière
Que verse en mai sur la clairière
L’aube rose ou les soirs dorés.