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VIII

PENSÉE DE NUIT


 
Quand règne l’ombre froide et noire et son mystère,
À l’heure de minuit, quand tout dort sur la terre,
Excepté le remords, l’amour ou la douleur,
Je veille, et, triste et seul, je descends dans mon cœur ;
Je sonde en leurs replis mes détresses secrètes,
Mes doutes, mes élans, mes luttes, mes défaites,
L’espoir qui m’a trahi, le rêve où je me plus,
Et les douces erreurs, hélas ! que je n’ai plus.
Et, comme un pèlerin tombé de lassitude,
Du fond de ma misère et de ma solitude,
Je me tourne vers toi qui règnes dans l’azur,
Ô Maître ! ô Juge ! ô Père ! ami clément et sûr
De l’homme, ô Toi qui sait, qui vois et qui consoles,
Et mon esprit, Seigneur, te parle sans paroles.