Page:Lacaussade - Poésies, t1, 1896.djvu/216

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Espoirs déçus ! prière vaine !
Ainsi qu’une ombre dans la nuit,
Ainsi qu’un souffle dans la plaine,
La vision s’évanouit.

Résigne-toi, poète, oublie
Ce dernier rêve de ton cœur.
Souffre et pars. La mélancolie
Seule ici-bas sera ta sœur.

Lève-toi, suis ta route austère,
Vis pour ton art sous l’œil de Dieu.
Dis aux promesses de la terre
Un tranquille et suprême adieu.

N’attends rien de la créature,
Rien que l’humaine infirmité :
Le vide, ici ; là, l’imposture ;
Et partout la fragilité.

Ne mets dans l’homme et dans la femme
Ton amour ni ton amitié ;
Mais pour tous deux emplis ton âme
D’une intarissable pitié !