Page:Lacaussade - Poésies, t1, 1896.djvu/215

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Sois pour ce fils d’une autre terre,
Cet exilé vers toi venu,
La Psyché faite de mystère
Dont s’éprit son cœur ingénu.

Aimer, souffrir, lutter, attendre,
Voilà quel lot lui fit le sort.
Pour ce chercheur stoïque et tendre
Sois la main qui conduit au port.

Donne une forme à sa pensée,
Donne un corps à sa vision ;
De sa chimère caressée
Sois la blanche apparition.

Sois dans la nuit pour sa paupière
L’étoile du bien et du beau ;
Affirme à ses yeux la lumière
Avant qu’il descende au tombeau.

Sois la sœur, la consolatrice
Qu’attendent ses jours éprouvés ;
L’âme, la lyre inspiratrice
De ses destins inachevés.

Sois la Muse aux chastes tendresses
Qu’en secret il saura bénir :
Acquitte envers lui les promesses
Qu’à son passé fit l’avenir.