Je veux l’ombre et l’oubli, — l’oubli des luttes vaines !
Je ne veux plus souffrir du mal dont j’ai souffert !
D’un ardent idéal n’embrasons plus nos veines !
Autour de nous faisons la nuit et le désert !
Solitudes des mers aux horizons sans bornes,
Sables maudits que brûle un soleil destructeur,
Espace désolés, ô solitudes mornes !
Qu’êtes-vous ? qu’êtes-vous près du désert du cœur ?
Eh bien, je te préfère encore aux foules vides,
Désert du cœur ! désert par Dieu seul visité !
Si l’on n’y peut guérir ses blessures livides,
On en meurt dans tes bras, austère Liberté !…
Compatissante amie, âme éprouvée et douce,
Vous dites vrai, vivons ! la vie est un devoir.
Vivons !… mais vos espoirs, ma raison les repousse !
Je puis encor donner, mais non plus recevoir !
Écoutez de la Muse en vous la voix sereine ;
Moi, je suis de mon cœur le stoïque conseil.
Jeune et calme, restez dans la brûlante arène !
Restez ! — Je ne veux plus de ma place au soleil !
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