Page:Lacaussade - Poésies, t1, 1896.djvu/237

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France, tu sortiras de cette épreuve amère
Pure et transfigurée aux yeux de l’univers.
Dans le sang de tes fils lavée, ô pauvre mère !
De l’Empire expiant l’opprobre et la chimère,
Tu te rachèteras au prix de tes revers !

O revers inouïs ! désastre épouvantable !
Calamités sans nom ! immense effondrement !
O mère ! en tes malheurs le ciel est équitable :
De tes fautes subis la leçon lamentable !
Sors libre de ta chute et de ton châtiment !

Sois libre ! Ton divorce avec la tyrannie
Te rendra ta féconde et sereine fierté.
Flambeau libérateur, ton lumineux génie
Sous le ciel reprendra sa mission bénie,
Répandant sa pensée à tous et sa clarté.

Hypocrites rongés d’une exécrable envie,
Tous les porteurs de sceptre, imposteurs couronnés,
T’accusent de rêver à tes pieds asservie
L’Europe entière, — toi dont l’or, le sang, la vie
Fut toujours la rançon des peuples enchaînés !

Ta pensée illumine et délivre ! l’épée
En tes mains affranchit après avoir dompté !
Voir du joug féodal l’Europe émancipée,
Voilà ton rêve à toi dans l’ardente épopée
De tes combats géants contre la Royauté.