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Page:Lacaussade - Poésies, t1, 1896.djvu/276

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XI

Haine de l’étranger, Haine chère et sacrée,
          Verse en nous ta sainte fureur !
Emplis mon cœur, grandis dans mon âme ulcérée,
          Grandis au niveau de l’horreur
Qu’inspirent les forfaits d’une exécrable engeance !
          Œil pour œil, Haine ! et dent pour dent.
Allume par mon chant le feu de la vengeance !
          Embrase à ton charbon ardent
Ma bouche, et que ton cri jaillisse de ma lèvre !
          Pour qu’il soit de tous répété,
Donne à ma voix l’accent dont un peuple s’enfièvre ;
          Donne à mon vers l’intensité
De mon amour pour toi, Haine altière et farouche !
          Contre un vainqueur savant au mal,
O vaincus, que la Muse évoque en votre bouche
          L’antique serment d’Annibal !
Haine de l’étranger, Amour de la patrie,
          Mon double culte désormais,
Si nos cœurs défaillants, si notre âme amoindrie
          Pouvaient vous oublier jamais ;
Si le serment vengeur aux promesses stoïques,
          Nous oubliions de le tenir,
Levez-vous de la tombe, ô nos morts héroïques,
          Pour nous en faire souvenir !