A dirigé l’essor des bombes meurtrières.
Dans ton ciel qu’empourpre le soir,
J’ai vu, sinistre essaim d’oiseaux incendiaires,
Des obus monter le vol noir,
Puis, déchirant l’espace et choisissant leur proie,
Globes ailés d’où l’éclair sort,
Sur tes toits effondrés que l’airain troue et broie
Répandre la flamme et la mort !
J’ai vu sur tes clochers, tes dômes, tes musées,
L’âpre essaim, à bonds acharnés,
S’abattre et rejaillir, fulgurantes fusées !
Le frais berceau des nouveaux-nés,
L’hospice, abri sacré que la souffrance habite,
Et tes places et tes marchés
Sous l’orbe aux mille éclats, explosion subite,
De lambeaux humains sont jonchés !
Membres épars, débris fumants, spectacle horrible !...
Comme l’antique Niobé
Contemplant sous les traits du Tueur invisible
Ses fils, groupe à ses pieds tombé,
Paris, ô Cité mère à l’immense agonie,
O Niobé des nations,
Vois, muette d’horreur, vois de la Germanie
Les héroïques actions !...
Ne pouvant te dompter, ne pouvant te réduire
Par l’arme du brave et du preux,
Sa rage incendiaire aspire à te détruire,
Et de loin te couvre de feux !
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