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IX

MONOLOGUE


J’ai rêvé, j’ai souffert, j’ai chanté dans les cieux,
Et je tombe, à mon tour, chercheur audacieux.
J’ai rêvé bien longtemps une rose divine.
Ô songe misérable ! ô réveil douloureux !
De la rose mon cœur n’a gardé que l’épine,
Et je saigne, et l’angoisse habite ma poitrine…
Tout est faux, hors le mal ! tout, hors la trahison !
Des plus hauts dévoûments voilà donc le salaire !…
Triste et fatal objet d’amour et de colère,
La foudre m’écrasant au seuil de ta maison
Ne t’eût point arrêtée ! et, passant sur ma cendre,
Dans l’abîme tes pieds auraient voulu descendre…
Des souvenirs amers j’exprime le poison
Et m’en abreuve… En vain j’appelais la raison
À ton aide, et l’honneur, et Dieu, ta fierté même,
Ton vertueux passé qui gémit et qui m’aime ;
Vainement j’ai prié, supplié, conjuré,