Page:Lacaussade - Poésies, t2, 1897.djvu/127

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Le jeune ami de mon jeune âge
Sur les rocs déserts du rivage
En pleurant est venu s’asseoir.
Aux clartés pâles des étoiles
Il voit au loin blanchir nos voiles :
Bonsoir, mon triste ami, bonsoir !

De mon seul appui dans ce monde
J’ai donc quitté le toit si cher !
Et me voilà, roulant sur l’onde,
Seul sur la vaste, vaste mer !
Là-bas, qui m’aimera comme elle ?
Vierge à l’angoisse maternelle,
Pardonnez-moi son désespoir !
C’est vous que sur les mers on prie :
Consolez-la, Vierge Marie !
Bonsoir, ô ma mère, bonsoir !

Hélas ! un compagnon fidèle,
Mon chien hurle et me cherche en vain ;
Ma sœur à ses côtés l’appelle :
Il vient se coucher sous sa main.
Léchant la main qui le caresse,
Sa morne et muette tendresse
Semble parler dans son œil noir !
Assise au seuil de ma demeure,
Ma sœur se tait, mais elle pleure :
Bonsoir, ma pauvre sœur, bonsoir !