Page:Lacaussade - Poésies, t2, 1897.djvu/132

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« Tout à l’heure, en passant à vos côtés, Madame,
Un instant son regard s’est reposé sur vous,
Et soudain à sa lèvre est monté de son âme
Un sourire étonné, mélancolique et doux.

« Ah ! ne rougissez point de ce muet hommage,
Cygne, dont il n’a fait qu’entrevoir les blancheurs ;
Laissez-le dans sa grâce emporter votre image,
Comme un souvenir plein de lointaines fraîcheurs.

« Qui sait ? peut-être un jour, rêvant aux Pamplemousses,
A ce vallon tranquille aux ineffables voix,
A ce bruit cadencé des ondes sur les mousses,
A ces gazouillements des oiseaux dans les bois ;

« Triste et les yeux remplis de ce doux paysage,
Air mol et bleu, jardins où chantent les ruisseaux,
Où blanche il vous a vue à travers le feuillage
Comme un marbre sans tache à l’ombre des berceaux ;

« Qui sait ? peut-être alors, fleur lumineuse et pure,
Votre frais souvenir dans son âme éclora ;
Et ses doigts graveront votre chaste figure
Dans un vers calme et beau que l’avenir lira. »


Ile de France.