Page:Lacaussade - Poésies, t2, 1897.djvu/161

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Partons ensemble, allons chercher de frais asiles
Dans les pays charmants de l’Idéalité.
Pour les esprits songeurs il est de molles îles
Dans l’océan d’azur par la Muse habité.

Venez, nous trouverons des jours sereins et calmes,
Un ciel plein de lumière et des champs pleins d’oiseaux ;
Nous irons nous asseoir aux pieds des larges palmes
Qui bercent lentement leurs ombres sur les eaux.

Il vous faut obéir à la voix qui dit : « Marche ! »
A nos amis railleurs adressez vos adieux.
Pareil au blanc ramier qui revolait vers l’arche,
Si l’orage est dans l’air vous reviendrez vers eux.

Laissons-les dire, et nous, écoutons la nature,
Et la Muse, et l’amour, qui nous parlent tout bas.
L’art et l’amour sont vrais, le reste est imposture !
Aimons-nous, aimons ceux qui ne nous aiment pas !

Une épine est toujours sous la fleur que l’on cueille,
Et le cœur plus que l’onde est perfide et mouvant.
Si l’amitié, c’est l’arbre, oh ! l’ami, c’est la feuille
Qui tombe avant l’hiver, et vole au gré du vent.

Pour nous, restons unis ! Sous la foudre ou la bise
Luttons à deux ! trompons l’onde aux flux inconstants ;
Et, toujours emportés dans une même brise,
Que l’hiver nous retrouve amis, comme au printemps.