Page:Lacaussade - Poésies, t2, 1897.djvu/162

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Printemps ! soleils bénis ! jeunesse de l’année !
Vous verdissez les bois par la neige glacés ;
Rendez-nous — fleur de l’âme et que l’âge a fanée —
La verte illusion de nos beaux jours passés !

Des espoirs effeuillés rajeunissez les sèves,
Vous qui partout versez la vie et ses verdeurs,
Et faites sur nos fronts, faites fleurir ces rêves
Dont l’arôme enivra l’enfance de nos cœurs.

Je veux y croire encor ! D’une image importune
Le présent ne doit point nous poursuivre toujours.
Fions-nous à la Muse ! et laissons la Fortune,
Astre capricieux, rayonner sur nos jours.

Plus de tristesse ! Allons au sein des belles choses
Chercher la poésie, enfant des pays verts ;
Chantons le gai printemps, ses vierges et ses roses,
Oublions ! — Assez tôt reviendront les hivers.

Ouvrons aux vents du sort nos voiles et nos ailes,
Vers l’avenir tentons un essor courageux !
Les cygnes vont par couple : unissons nos nacelles
Pour affronter la vie et les flots orageux.


Mai 1840.