Page:Lacaussade - Poésies, t2, 1897.djvu/167

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Courbaient jusqu’à tes pieds les fronts découronnés !
Où, ton char t’emportant de l’un à l’autre pôle,
Comme un manteau la gloire ombrageait ton épaule ;
Où, fière, aux nations qui rampaient sous ta loi
Tu laissais en passant quelque soldat pour roi ;
Où ton noble drapeau qu’épousa la victoire,
Déroulant dans les airs ton homérique histoire,
Sur l’univers conquis par tes guerriers vainqueurs,
Ainsi que l’arc-en-ciel, suspendait ses couleurs !…



Ah ! que ne puis-je aussi fuir ces rives glacées
Où tout éveille en moi de pénibles pensées !
Que ne puis-je avec vous, poète au front serein,
Voir les champs où régna le peuple souverain !
Debout sur les tombeaux et la poudre de Rome,
L’homme en dépit des jours sent qu’il est beau d’être homme.
Son œil dans les débris d’un empire effacé,
Dédaigneux du présent, contemple le passé ;
Et, se sentant grandir devant l’ombre romaine,
Il n’a plus à rougir de la famille humaine.