Page:Lacaussade - Poésies, t2, 1897.djvu/168

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Allez donc, ô rêveur ! cœur pur, âme sans fiel,
Vous qui vivez d’espoir, cette manne du ciel,
Allez fouler au gré de votre fantaisie
La terre de la gloire et de la poésie.
Et d’abord, visitez ces monts aux pics neigeux
Où Salvator rêvait ses brigands courageux,
Où, libre d’un vain monde, affranchi de ses règles,
Il vivait seul avec la tempête et les aigles !
Et puis, comme un oiseau noyé dans les brouillards,
Sur la chaude Italie arrêtant vos regards,
Hâtez-vous, descendez au sein des tièdes plaines,
Où les vents en passant embaument leurs haleines ;
Et, fils des cieux d’azur et des douces saisons,
Oubliez au soleil les brumeux horizons.
Votre voix, qui se tait par la bise engourdie,
Retrouvera là-bas sa fraîche mélodie ;
Sous un ciel pur et riche à notre ciel pareil,
Vous chanterez ! — La Muse est fille du soleil !



Pour moi, je dois rester dans la cité des brumes.
Oiseau d’un autre sol, je vais sécher mes plumes