Page:Lacaussade - Poésies, t2, 1897.djvu/186

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Douce ignorante de la vie,
Pur vase à la pure liqueur,
Dans mon ombre aube épanouie
Pour verser le jour à mon cœur ;

Sœur des anges au blond visage,
Qui demi-nus, aux bords du ciel,
Se bercent dans l’or d’un nuage
Sur les toiles de Raphaël ;

Esprit de quelque sphère heureuse,
Qui sur les neiges de ton corps
Gardes la trace lumineuse
Du monde inconnu d’où tu sors ;

Toi qui de cette coupe amère
Où l’homme puise et se nourrit,
Ne sais que le lait dont ta mère
Blanchit ta lèvre qui sourit ;

D’où vient, jeune âme à peine née,
Qu’arbre penché sur l’arbrisseau,
Sondant déjà ta destinée,
Je rêve auprès de ton berceau ?

D’où vient qu’à l’heure des étoiles,
Quand le sommeil est sur tes yeux,
De ton sort entr’ouvrant les voiles,
Je veille austère et soucieux ?