Page:Lacaussade - Poésies, t2, 1897.djvu/187

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Pourtant tout te sourit, tout fête,
Enfant, ta bienvenue au jour ;
Pour baiser ta soyeuse tête
Les anges quittent leur séjour.

Ta joue a l’incarnat des roses,
Tes yeux ont la couleur du ciel,
Et tes cheveux, boucles écloses,
Sont doux et blonds comme le miel.

Sais-tu pourquoi mon âme est sombre
En évoquant ton avenir ?
Pourquoi dans mes yeux baignés d’ombre
Je sens presque des pleurs venir ?

C’est qu’à travers jeunesse et grâces,
Moi qui sais la vie et ses pleurs,
Je vois accourir sur tes traces
L’essaim des humaines douleurs.



Bientôt - peine cuisante et vive ! -
Tes dents de perle au frais émail
Feront, en ouvrant ta gencive,
Pâlir tes lèvres de corail.