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L

À L’IDÉAL


 
Un morne abattement pèse sur ma pensée.
La vie hélas ! n’est point où je l’avais placée.
L’illusion est vide et vide est le bonheur.
L’amour ne suffit point à remplir notre cœur.
Cherchant partout le Dieu, trouvant partout l’idole,
Je change chaque jour d’autel et de symbole.
L’ombre de l’Idéal, le fantôme du beau
Me suit partout, armé du mystique flambeau.
Quel que soit l’horizon où mon pied s’aventure,
Que l’amitié, l’amour, que l’Art et la nature
Soient mes hôtes sacrés, — sombre ou les yeux railleurs,
Toujours il m’apparaît : « Debout ! et cherche ailleurs !
Ici ta faim du vrai ne peut être assouvie !
Lève toi ! marche ! aspire ! Ici n’est point la vie ! »
La vie, où donc est-elle, ô fantôme adoré ?
Commande, j’obéis ! dis-moi le but, j’irai !