Page:Lacaussade - Poésies, t2, 1897.djvu/229

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Passé, beaux jours, les seuls qu’ici-bas l’on connaisse,
Éclosion de l’âme et des sens, ô jeunesse !
Heures de foi sereine et d’espérance en Dieu,
A mes jours d’aujourd’hui que vous ressemblez peu !
Lorsque je rêve à vous du fond de ma nuit sombre,
Que de belles clartés vous versez dans mon ombre !
Aussi, loin du présent, comme on s’enfuit toujours
Vers vos lointains dorés, aube des premiers jours !
Qu’on vous regrette et pleure à tout âge et sans cesse !
Comme on se sent au cœur une étrange tendresse,
Y fût-on malheureux, y fût-on opprimé,
Pour le sol trois fois cher où notre être a germé !
En dépit de l’orgueil qui s’irrite et blasphème,
O vieux champs paternels, comme on sent qu’on vous aime !
Comme on revient à vous, les yeux de pleurs chargés !
Comme on se sent tout autre en vous trouvant changés !
L’essaim des souvenirs à votre aspect s’éveille,
Leur frais bourdonnement bruit à notre oreille,
Et nos jours évoqués, dans leur matin joyeux,
Groupe au front rayonnant passent devant nos yeux !