Page:Lacaussade - Poésies, t2, 1897.djvu/230

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J’étais jeune, écolier, j’avais encor mon frère,
Vif et doux compagnon de mon enfance entière.
Des vacances pour nous quand venait la saison,
Nous retrouvions aux bois notre chère maison.
Quel bonheur, au réveil, de courir par les plaines !
O brises de l’aurore ! ô suaves haleines !
Un jour tiède glissait sur les pics lumineux,
Les brumes se fondaient dans l’éther floconneux,
Et les gazes d’azur, flottant sur les campagnes,
S’ouvraient pour laisser voir la beauté des montagnes !
Tout s’éveillait : déjà les oiseaux familiers
De leurs nids dans les airs s’élançaient par milliers ;
Un parfum s’échappait de chaque feuille ouverte ;
Des perles de la nuit la terre était couverte ;
Les herbes ruisselaient de mille diamants ;
Tout brillait, tout jetait des éblouissements !
Mille insectes d’azur, d’or, de nacre et de soie,
Flottaient dans la lumière où leur aile se noie ;
L’araignée aux pieds noirs, au ventre de saphir,
Sur ses toiles d’argent se berçait au zéphyr ;
La verte grenadille à la brise indolente
Inclinait lentement sa tige nonchalante ;
Et la riche liane, étalant son trésor,
Balançait dans les airs de larges cloches d’or