Page:Lacaussade - Poésies, t2, 1897.djvu/234

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Sa jeunesse ! O mon frère ! heureux ceux-là qui meurent
Les premiers ! ils n’ont point, comme ceux qui demeurent,
A subir chaque jour le spectacle pareil
Des choses qu’à regret éclaire le soleil !
Ceux qui restent, plongés dans le deuil et le doute,
Comptent en soupirant les arbres de la route.
Ils vont, et les sentiers devant eux étendus
Leur rappellent les pas de ceux qu’ils ont perdus.
Chaque objet leur réveille une image effacée :
Rien, rien ne peut distraire ou tromper leur pensée !
Ce sont des pleurs toujours et partout des douleurs,
Les mêmes fruits amers naissant des mêmes fleurs !
Aussi, que de fois pris du dégoût de la vie,
En face des tombeaux, plein d’une sombre envie,
J’ai dit : « Heureux ceux-là qui dorment sans remords
Entre les murs étroits de la maison des morts ! »



Va ! ne regrette rien dans ta couche de pierre,
Dors en paix ! garde clos ton cœur et ta paupière.