Page:Lacaussade - Poésies, t2, 1897.djvu/239

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Dis-lui bien que, semblable au Nil aux eaux fertiles,
Il devrait enrichir et féconder nos bords,
Et non pas dévorer de ses flots inutiles
           Et nos moissons et nos trésors !

Et quel plus triste objet de honte et de colère
Que ce roi quémandeur aux appétits sans fin,
Qui, buvant à longs traits la sève populaire,
De dots a toujours soif et d’or a toujours faim !
Encor si c’était tout ! mais, ô comble de honte !
D’un peuple descendu suprême abaissement !
O France ! à ton drapeau l’outrage aujourd’hui monte,
           L’outrage monte impunément.

Non ! ce n’est point ainsi qu’en des siècles impies
Les inspirés d’en haut se révélaient aux rois :
Sur des âmes de fange et de lucre pétries,
Comme l’eau du torrent, ils répandaient leurs voix.
Ils réveillaient le peuple endormi dans la poudre ;
Ils faisaient dans son cœur passer l’esprit de Dieu,
Et sur les fronts impurs lançaient comme la foudre
           L’anathème aux ailes de feu.

Descends donc dans l’arène et ressaisis ta lyre !
Viens du peuple exalter les généreux penchants.
Ton pays qu’a vengé ta vaillante satire
Dans ses jours de détresse a besoin de tes chants.