Page:Lacaussade - Poésies, t2, 1897.djvu/243

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Tout louer d’eux serait peu sage,
Mais tout n’est point à rejeter :
Que d’or pur dans cet alliage
Pour qui saurait en profiter !

Pris du vin des vertes années,
Impatients des vieux drapeaux,
Du front des muses surannées
Leur main fit choir les oripeaux.

Raillant des classiques entraves
La sénile infécondité,
Ils ont à nos lyres esclaves
Rendu jeunesse et liberté.

Si dans leur fougue de réforme
Ils ont frappé vrais et faux dieux,
Ils ont au moins dompté la forme
Si rebelle et dure aux aïeux

C’est leur part dans l’œuvre commune,
Eh ! pourquoi la leur refuser ?
Leur rôle, à ces fils de fortune,
Fut moins de fonder que d’oser.

D’un art perdu cherchant la trace,
Ils ont plus détruit que semé ;
Mais leur amour fit leur audace :
Pardonnons-leur, ils ont aimé !